Les Belles Dames Sans Merci

La première compagnie à avoir reçu l’honneur d’être nommée est celle des belles dames sans merci. Composée uniquement de femmes, cette joyeuse compagnie à gagner son titre au cours d’un épisode particulier de la geste, lors de la prise de la passe du Grand Roland. Les joyeuses compagnies avaient alors reçu pour mission de prendre à revers l’adversaire, par un mouvement tournant qui devait leur faire traverser un étroit défilé. Las ! l’ennemi y avait positionné des troupes qui s’étaient retranchées derrière une forte défense, commandée par une palissade et une porte, certes construites à la hâte, mais interdisant toute chance de surprise.

La solution vint d’Isabella, une guerrière revêche ayant déjà survécu à plusieurs années de campagne. Informée par un éleveur de chèvres de l’existence d’un chemin étroit et dangereux, elle rassembla une dizaine de combattantes qui se déguisèrent en putains. Le groupe gravit les parois à pic du canyon. Plusieurs femmes y perdirent la vie. Débouchant ensuite sur le plateau surplombant la passe, le groupe de harpies remonta le chemin et parvint au campement ennemi. Le déguisement et la gouaille des gourgandines leur ouvrit la route jusqu’au cœur du campement. Après avoir joué leur rôle et endormi la vigilance des soldats, elles s’emparèrent de quelques dagues et commencèrent à trancher les gorges, pendant qu’une partie du groupe se chargeait d’ouvrir les portes. Avant que les joyeux compagnons ne rejoignent les femmes, celles-ci avaient occis tous les soldats ennemis présents et fait prisonnier le commandant (il était encore entre les cuisses de l’une d’elle lorsque qu’on lui piqua les reins d’une lame acérée).

Cet exploit encouragea les femmes à rester entre elles. Parce qu’elles étaient belles (surtout après avoir fait couler l’accool) et capable des pires horreurs pour parvenir à leurs fins, les joyeuses compagnies leur donnèrent le nom de « Belles Dames Sans Merci« .

Par la suite, Isabella fut élue à la tête des joyeuses compagnies et nommée Corentine III de Langier. Elle fut donc la 3ème dirigeante (et première femme) des joyeuses compagnies et commanda les mercenaires de 1131 à 1138, année au cours de laquelle elle périt lors d’une chute du haut d’une muraille, au cours de la défense de la forteresse de Karsac.

Depuis 1131, la joyeuse compagnie des belles dames sans merci est une compagnie d’honneur que ne peuvent espérer intégrer que les meilleures combattantes. La beauté n’est évidemment pas un critère, car comme dit le poète: « Toutes les femmes sont belles ».

Cependant, les guerrières de cette compagnie mettent un point d’honneur à toujours paraître sous leur meilleur jour, que ce soit en civil ou en armure, elle ne recule devant aucune extravagance pour préserver leur réputation et sont parfaitement reconnaissables sur le champ de bataille.

Si d’aventures les joyeuses compagnies font main basse sur quelques rouleaux de soie, du parfum ou de belles robes, malheur à celles ou ceux qui se mettraient en travers du chemin, car ces trésors échoient immanquablement aux Belles Dames Sans Merci.