Le Fleuve Jaune

L’histoire du Fleuve Jaune remonte à plusieurs millénaires.

Alors que l’empire romain n’était qu’une petite enclave naissante sur une île peuplée de paysans incultes et de nomades, le Dragon (la plus haute fonction) dirigeait déjà un territoire si vaste qu’il fallait une année pour le traverser à cheval, un royaume si peuplé et puissant qu’il avait placé sous sa coupe tous les états voisins.

Au cours des siècles, les Dragons successifs ont développé avec sagesse le commerce, la science, l’art et tout ce qui pouvait apporter la prospérité au pays.

Aussi, les habitants du fleuve jaune ont-ils créé un société rafinée et très organisée, chaque aspect de la vie étant régit par un ministère particulier servit par une administration omniprésente.

Dans cette société, les fonctions, métiers et dignités sont accessibles à tous. Chaque année, les ministères définissent localement les postes disponibles et à pourvoir pour chaque fonction. Ces postes, disponibles par milliers, sont mis aux enchères.

Seul le “métier” de paysan n’est pas soumis à ce dispositif, ce qui met de fait les paysans au bas de l’échelle sociale. Dans le royaume du fleuve jaune, tous sont paysans par défaut, mais chacun peut devenir Dragon… théoriquement.
Dans un Gojo (commune administrative) les fonctionnaires gèrent les postes disponibles qui sont attribués pour des durées variables. Tous les éléments nécessaires à l’exercice d’une profession sont la propriété du Gojo.

Par exemple, le métier de meunier est attribuable tous les 5 cycles. Le moulin est propriété de la commune et le meunier doit verser une rente annuelle. Au bout de 5 ans, le poste de meunier est remis aux enchères et toute personne peut devenir le nouveau meunier, à condition de remporter l’enchère. Théoriquement, les candidats doivent démontrer leurs compétences pour enchérir, mais certains fonctionnaires sont peu regardant, surtout s’ils y trouvent un avantage.

En effet, la corruption règne au sein du royaume. En principe, chacun peut accéder aux plus hautes distinctions en faisant preuve d’intelligence, de chance et en travaillant dur. Mais en réalité, les trafics d’influence, les comportements partisans et la malhonnêteté règnent depuis des siècles dans ce pays. Ainsi, les postes clés tels que ministres, généraux, juges, ont été remportés par de riches familles pour des fils et filles plus intéressés par le prestige de la fonction que par la fonction elle-même.

Ce système équitable et efficace au départ, qui avait permis de forger un royaume puissant et dynamique, finit par sonner le glas du pays, sclérosant sa capacité à évoluer et s’adapter. Seuls le commerce et l’artisanat restèrent florissants.

C’est dans ce contexte que le khan Imzir, père de l’actuel Khagan, fit déferler sa horde sur le royaume du fleuve jaune qui s’effondra immédiatement.